Aujourd’hui aurait dû être une journée tout ce qu’il y avait de plus banale. Les chahuts dans l’établissement, les corrections à grand renfort de coup de pied aux fesses, les remontrances, et cetera. Et pourtant, non. En ce jour, quelque chose de spécial devait arriver. Et c’est pour cette raison qu’Onil était actuellement en train de se préparer dans sa salle de bain, en ne laissant aucun détail au hasard.



Ses cheveux, d’ordinaire rêches, se présentait ce matin comme une belle queue de cheval haute, donnant à cette chevelure une aura de cascade sur les épaules de leur propriétaire légitime. Quelques fins traits de maquillage et enfin, elle pouvait passer à l’habillage. D’habitude, si elle avait carte blanche pour se vêtir, ce n’était pas le cas actuellement. Elle n’en faisait pas toute une sérénade, mais elle ne s’attendait pas à ce que ce soit son frère en personne qui lui demande de porter un tailleur-jupe. Si elle s’était au départ posé des questions, finalement, la réponse lui était venue d’elle-même ; il était important de faire bonne impression, surtout pour une première entrevue.


Et aujourd’hui, c’était le cas.


L’établissement de Gênes, l’école Diamente pour ne pas la citer, recevait aujourd’hui l’affectation officielle d’un nouveau professeur, celui enseignant la musique. Sa prédécesseur avait quitté son poste en cours d’année – et la Mafia également, par la même occasion – pour cause de congé maternité. La place vacante ne l’était pas resté très longtemps et rapidement les candidatures avaient été épluchées jusqu’à ce qu’une seule ne soit sélectionnée. La Crisis avait, étrangement, un pressentiment qu’elle n’arrivait même pas à définir dans son ensemble. C’était étrange. Très étrange, même.


Toutefois, il lui fallut composer avec.


On vint frapper à sa porte et elle se dépêcha d’aller ouvrir et constata que c’était l’un de ses amis Di Luna, qui venait lui rendre un petit service avant qu’elle n’aille remplir sa mission d’observation. Il venait s’occuper de Néo, qui dormait encore, tout du long de l’absence de sa génitrice, soit la blonde dont il est actuellement question. En bonne mère, elle prit sa veste sur le bras, se pencha au-dessus du lit de son enfant et lui embrassa le front avant de partir le plus discrètement possible. Elle espérait seulement que tout ce passerait bien durant son exposition des lieux au nouvel arrivant. Le calvaire de toute mère, sans aucun doute possible.


Peu avant d’arriver dans le hall, Onil retira sa bague Di Luna et la rangea soigneusement dans la doublure de sa veste. Ainsi, elle n’était rien d’autre qu’une jeune CPE la plus banale qui soit. Parfait, en étant parfaitement neutre, elle pouvait espérer remplir correctement la mission interne confiée par Ares à ses bons soins.


Ses pas la guidèrent jusqu’à la porte d’entrée, maintenant ouverte par deux surveillants, le temps que les derniers retardataires n’arrivent pour aller en cours. La Pluie distingua une silhouette adulte au loin, qu’elle ne connaissait pas. Sans doute le nouveau professeur. Professionnelle jusqu’au bout des ongles parfaitement manucurés, l’italienne alla au-devant de lui et lui tendit sa main dans un geste de salutation tout ce qu’il y avait de plus classique.

« Bonjour, vous devez être Monsieur Albion, je présume ? »

Voilà, l’enquête pouvait maintenant débuter.

Une rentrée mafieuse

Marchant dans les rues de Genes Nemesis profitait de la fraicheur matinale tout en se rendant à son poste à l'école Diamente de la famille Di Luna. Ce travail était le résultat du véritable aubaine pour les W.R.A.T.H. En effet, la libération du poste de professeur de musique avait permis à ces derniers de pouvoir mettre un pied dans le territoire d'une importante famille mafieuse, qui, bien que ne représentant pas une véritable menace à court terme nécessitait tout de même une surveillance accrue.

Autour du capitaine la ville prenait vie, comme une fleur qui éclot au petit matin, les magasins s'ouvraient et les gens sortaient dans les rues. S'arrêtant chez un boulanger il acheta un croissant qu'il mangea sur le chemin. De temps en temps il remarquait un regard surpris et le plus souvent interrogateur, il était vrai que ses habits détonnaient par rapport à ce que les gens avaient l'habitude de voir. Vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche il portait par-dessus cela, un long manteau noir en cuir avec des bordures ocre. En guise d'accessoire il avait utilisé un ornement en argent pour retenir ses longs cheveux violets en une haute queue de cheval.

Faisant fi des réactions qu'il provoquait, il afficha un visage calme et serein tout au long de sa marche. Se rapprochant de ce fait de plus en plus de l'école, il fut progressivement encerclé par des étudiants qui, comme lui, allaient travailler, ou tout du moins faire semblant. Certains traînaient, voulant sans doute retarder l'inévitable, d'autres racontaient des potins dignes de paraître dans des journaux comme Closer... Alors qu'il observait et analysait son environnement, il ressentit soudain un choc avant d'entendre un cri suivi du bruit caractéristique de quelqu'un qui vient de heurter le sol assez fortement. Se retournant pour en connaitre l'origine, il découvrit une jeune fille qui le regardait tout en se massant ses membres endoloris et, sans qu'elle eut besoin de dire quoique ce soit, il lui tendit tout naturellement sa main afin de l'aider à se relever. Pendant ce temps le public proche de la scène s'était arrêté et il regardait maintenant l'inconnu qui aidait la jeune femme d'environ 18 ans à se relever tout en lui demandant comment cela allait.
Nemesis eut droit à un rougissement de cette dernière et à un timide « bien, merci » avant qu'elle ne s'enfuit retrouver ses amies qui la taquinèrent. Tandis que l'attention retombée, le capitaine reprit sa route et finalement arriva au portail de l'école,... où on l'attendait.

« Bonjour, vous devez être Monsieur Albion, je présume ? »

« Bonjour, c'est bien moi, le nouveau professeur de musique. Enchantée de vous connaitre Madame ? »

Accompagnant le geste à la parole il saisit la main qu'elle lui tendait et la serra. Elle lui paraissait jeune, mais il savait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Après tout, la jeunesse n'était plus synonyme d'innocence,... Non, maintenant on envoyait les enfants faire la guerre à la place d'aller à l'école. De plus, il ne fallait pas non plus qu'il oublie aussi que l'école Diamente n'était pas une école ordinaire, elle n'était pas seulement peuplée de gentils et innocents enfants, mais aussi de mafieux. Il se doutait donc que la jeune femme n'était pas là que par plaisir, ni que son rôle ne se cantonnerait qu'à l'accueil,...Il était plus que probable qu'elle soit là en tant que membre du personnel pour le juger et peut-être, si elle était Di Luna, en tant que membre de la mafia. Il fallait donc qu'il joue son rôle à la perfection et qu'il fasse une excellente impression.

Alea jacta est…

Spoiler:

On ne pouvait guère nier l’évidence la plus flagrante, il se dégageait de ce nouvel arrivant une aura très particulière. A mi-chemin entre la fascination et le désir d’en savoir plus à son sujet, il pouvait être difficile de savoir quoi dire pour l’interpeller, quand bien même il n’était nullement un surhomme ou une entité du même acabit. Heureusement que l’instable Pluie savait se maintenir, à l’instar des personnes étudiantes qui se trouvaient ici-bas. Tssk, et dire que certains élèves étaient plus vieux qu’elle, ça la désolait. Un peu de tenue, que diable ! Quoi que … Elle pouvait trouver un peu de compréhension – ce qui était rare disons-le – envers ceux qui n’étaient pas des mafieux. Les civils sont toujours – ou du moins majoritairement – très influençables, ce n’était donc pas réellement de leurs fautes si la vue d’un potentiel individu pareil pouvait les bouleversés.


Soupirant silencieuse avant de se reprendre, Onil vint serrer vigoureusement la main de son homologue, afin de poser déjà les bases des relations à venir. Ou pas. Sa poigne était toujours ferme, si bien qu’on lui en avait déjà fait le reproche, bien qu’elle n’y voie, très personnellement, aucun inconvénient. Elle ne broyait pas la main de ses invités, enfin ! Elle montrait juste qu’elle avait du caractère de manière habile et sans avoir à user de mots de liaisons. Ou était le mal ? La blonde ne le savait guère.


Afin d’entamer les présentations sous le meilleurs des jours, elle répondit clairement et sans accrocs :
« Crisis. Je suis la CPE de cette école et c’est moi qui suis en charge de vous la faire visiter et de vous introduire à vos collègues et potentiels futurs élèves. »


Suite à l’échange essuyé par les dextres, la demoiselle tourna les talons et se dirigeât vers le couloir principal, au fond du Hall d’entrée.


« Alors, par ou souhaitez-vous commencer la visite, Monsieur Albion ? Salles de classes ? Bureaux ? Infrastructures ? Nous avons la journée devant nous alors sous pouvez tout aussi bien choisir vos même votre parcours. Je tâcherais de vous renseigner au mieux. »


Professionnelle jusqu’au bout des ongles. Jeffrey tâchait de l’être le plus possible. Il ne fallait surtout pas que l’on soupçonne quoi que ce soit chez elle avant même que son « enquête » sur le terrain n’ai débuté. C’aurait été beaucoup trop bête. Et Ares se serait inquiété pour rien, en plus de ça. Le mot d’ordre était donc, bien entendu, de rester le plus minimaliste possible sur certains sujets brulant et à ne pas aborder. Pour cela, elle espérait – même si elle n’en avait point fait son fer de lance non plus – que cet homme obéisse à ses plus bas instincts, du moins en sa présence. Pour faire oublier certaines choses, les femmes sont capables de bien des artifices, comme c’était présentement le cas aujourd’hui.


Ses formes se devinaient sous les couches de vêtements et son parfum, qui s’évadait de sa chevelure de miel, attirait déjà l’attention de certains étudiants sur elle. Mais bon, eux savaient qu’il ne valait mieux pas l’approcher avec ce genre d’idées en tête et se trouvaient donc quelque peu immunisés face à cette mascarade idiote.


Mais ce n’était peut-être pas le cas de tout le monde…

Une rentrée mafieuse

La poignée de main fut vigoureuse, témoignant ainsi à Nemesis une certaine force d'esprit. Force qu'il avait instinctivement pressentit lorsqu'il avait croisé son regard ambré quelques instants plus tôt.

« Crisis. Je suis la CPE de cette école et c'est moi qui suis en charge de vous la faire visiter et de vous introduire à vos collègues et potentiels futurs élèves. »

A sa réponse il inclina légèrement la tête en guise de respect et la suivi, un peu en retrait, en direction d'un couloir.
Tandis qu'ils marchaient, Nemesis pouvait sentir le doux parfum qui s'échappait de sa guide pour virevolter sous son nez. Ce dernier, vraisemblablement de bonne facture, avait un petit air de nostalgie qui laissa le professeur de musique un instant rêveur. Sous cette fugace et légère emprise il se surprit à regarder le corps aux fines courbes de la jeune femme. Ce dernier, malgré les habits, pouvait être facilement deviné, laissant ainsi le soin à l'esprit du spectateur de créer l'image de son désir. Néanmoins quelque chose le titilla lorsqu'il jeta un regard autour de lui. Certains étudiants regardaient la CPE avec envie, ce qui était en soit normal pour des jeunes hommes en pleine possession de leur moyen, mais le capitaine vit mêlé à cette dernière une pointe de crainte. Cela lui rappela une remarque qu'une connaissance lui avait dit un jour à propos des femmes, « les plus belles plantes sont toujours les plus dangereuses ». Finalement il n'avait peut-être pas si tord que cela et à cette pensée il sourit intérieurement.

« Alors, par ou souhaitez-vous commencer la visite, Monsieur Albion ? Salles de classes ? Bureaux ? Infrastructures ? Nous avons la journée devant nous alors sous pouvez tout aussi bien choisir vos même votre parcours. Je tâcherais de vous renseigner au mieux. »

La voix d'Onil le faisant sortir de ses pensées il se reprit rapidement et fit mine de réfléchir un instant.

« Pourquoi ne pas commencer la visite par la salle de musique ? Ainsi je pourrais faire connaissance avec mes étudiants ou à défaut avec la salle. Je pourrais dans tous les cas voir le matériel qui sera mis à ma disposition. Après vous connaissez mieux les lieux que moi donc s'il y a des lieux à voir avant d'autres je vous suis. »

Son ton était calme et respectueux, il voulait laisser à la jeune femme l’impression qu’elle avait affaire à un homme un peu réservé et facile à vivre afin qu'elle baisse sa garde devant son illusoire bienveillance. De plus, ce rapide échange lui avait permis de se reprendre, son égarement devant le physique de cette femme lui avait appris qu'il était bien plus faible qu'il ne le pensait face aux attraits féminins ou bien que ses instincts étaient plus fort qu'il ne l'avait cru. Dans tous les cas il devait à l'avenir faire plus attention, son investissement devait être total et il ne devait donc en aucun cas s'égarer. Il ne manquerait plus qu'il tombe amoureux, bien que cela soit très peu probable, il y avait toujours une possibilité. La perfection était le maître de cette mission... parfait dans son rôle, parfait dans ses paroles et dans ses actes...Ainsi il ne devait pas montrer une seule faiblesse qui aurait pu être mal interprétée. De ce fait il préféra ne rien dire vis-à-vis de ce qu'il avait vu, imaginé et ressentit quelques instants plus tôt...

Alea jacta est…

Spoiler:

Il y avait une chose que l’on ne pouvait retirer à cet individu, il semblait savoir ce qu’il voulait et ce, malgré les circonstances. N’importe qui, à sa place, aurait bafouillé au moins un peu avant de se reprendre, le stress de l’arrivée et la gêne d’être ainsi abordé sabordant souvent cette première mise en bouche. Onil le savait pour l’avoir déjà constaté à plusieurs reprises, puisque c’était elle qui accueillait systématiquement les nouveaux enseignants dès leurs arrivées ici. Elle avait appris à parler et à déchiffrer le langage du corps, au point de ne se tromper que rarement sur le degré du manque d’assurance d’une tierce personne. C’était donc bien la première fois que cette situation lui arrivait. Malgré tout, il en fallait bien plus pour la désarçonner au point qu’elle ne sache plus quoi faire. Fort bien, Onil allait donc se plonger totalement dans le même courant que cet homme, afin d’en tirer le plus d’informations possible.

« Bien, veuillez me suivre, dans ce cas. »

Elle avait parlé avec une voix posée mais assez froide. Pas le temps pour laisser passer le manque de formalité, après tout, elle ne le connaissait pas. Il voulait voir la salle de musique ? Eh bien soit, une petite visite dans le désordre ne fit jamais de mal à personne, après tout.

C’est dans cette optique qu’elle gravit les premiers escaliers menant à ladite pièce, qui se trouvait au deuxième étage du bâtiment des cours dit « standards ». Il ne fallait surtout pas divulguer ceci au potentiel candidat présent sur ses talons, d’ailleurs. La Mafia ne regardait que ses membres et il n’avait guère semblé à la Crisis que cet inconnu en fasse parti, d’une quelconque manière que ce fut-ce.

Ses talons claquèrent à chaque marche, meublant un peu le silence nouveau qui s’était installé dans ce dédale de couloirs. La reprise des cours avait sonné et les élèves étaient maintenant rendus docilement à leurs pupitres, le temps que leurs heures de cours se dispersent en cette première heure de la matinée. Le chemin parcouru dura encore bien cinq bonnes minutes, le temps que l’interminable couloir, débouchant lui-même sur un alignement parfait de salles de classes de diverses spécialités et aux portes fermées religieusement passe sous les chaussures de nos deux protagonistes.
Une superbe pièce de bois laquée leur fit alors face. Sur sa devanture, une note de musique dorée faisait office d’annonce de la spécialité ici délivrée.

« Nous voici arrivés. » Cru bon de préciser la belle blonde.

Apposant ses doigts fins sur la poignée, elle l’enclencha et poussa la porte afin d’entrer dans la salle de musique. Tout ici était synonyme de caverne d’Ali-Baba pour les plus mélomanes.

Insonorisée, l’ensemble de la pièce pouvait être utilisée comme bon le souhaitait tous les amoureux de l’art sonore. Des guitares trônaient fièrement sur les murs, en compagnie de basses, deux batteries se tenaient prête à l’emploi au fond et une estrade avec micro et amplificateurs de chaque côté prenait l’air d’une Reine entre ces quatre murs. D’autres instruments, tous plus loufoques les uns que les autres, étaient dispersés un peu partout dans la salle.

Un groupe d’élèves était déjà présent. Il fallut seulement un regard intrigué de Jeffrey pour qu’ils comprennent ou elle voulait en venir et s’expliquent rapidement.

« Nous n’avons pas cours pour le moment et plutôt que de trainer sans rien faire au Pensionnat, nous avons préférez venir ici pour nous entraîner sur nos instruments.
-Bien, c’est très louable de votre part.
-Qui est cet homme, Madame ? demanda une jeune fille aux couettes parfaites.
-Votre potentiel nouveau professeur de musique, justement. Je vous demande de bien vouloir lui faire un bon accueil, il visite actuellement l’établissement. »

Les étudiants se turent et observèrent. Onil se plaça de telle manière à inviter son hôte à s’inviter lui aussi dans cette étrange mêlée.

« Si vous voulez bien vous donner la peine de vous présenter. »

C’était l’occasion d’observer l’aspect pédagogique de cet homme, après tout. Rien ne devait être laissé au hasard.