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La balle traversa sans difficulté l'épaule de la jeune femme. Alors que celle-ci se laissait tomber, un cri strident porté par sa propre souffrance s'échappant d'entre ses lèvres, l'homme qui observait avec attention et effroi sa chute, ne fit rien pour l'aider. Il était bien trop occupé à courir, fuyant ses opposants, avec une unique chose en tête : ne pas être le prochain. Dans sa vie, il avait dû fuir de nombreuses fois, une lamentable habitude, mais nécessaire pour le criminel qu'il était. Pourtant, aujourd'hui était différent, il s'était mis dans l'embarras et seul un dieu pourrait venir à son aide en ce moment. Hélas, il ne croyait pas en cette chimère qu'était les divinités, alors la seule personne qu'il pouvait à présent compter, était sur lui-même.
▬ 22 heures auparavant ▬Harry se faufilait dans la foule. À chaque pas qu'il faisait, une personne avait déjà été examinée. Leur visage, leur veste, leur pantalon, leur chaussures, ainsi que chaque accessoire qu'ils avaient en leur possession. Tout était enregistré, calculé, il prévoyait chacune de ses actions ainsi que les conséquences de celles-ci. Pour ça, il était habile, c'était comme un tour de magie, plutôt un tour de passe-passe.
Règle numéro un : distraire le spectateur. Harry heurta le passant.
Règle numéro deux : attirer le regard de la personne autre part que sur la main utilisée. Il déposa sa main sur l'épaule de l'homme qu'il avait rencontré, s'excusant préalablement auprès de lui.
Règle numéro trois : ne jamais rester bien longtemps à ses côtés. Puis il s'en alla, comme si de rien n'était, s'excusant une dernière fois, avant de disparaître dans la foule.
Règle numéro quatre : prendre uniquement les biens de valeurs et jeter le reste. Il extirpa du portefeuille, les quelques billets qui s'y trouvaient, un fin sourire se dessinant sur son visage, montrant amplement sa satisfaction. Par la suite, il balança un peu plus loin le portefeuille et réitéra son stratagème.
Le soir même, il rentra chez lui. Balançant sur la table basse la bourse qu'il avait accaparée durant cette courte journée. 348 dollars ; c'était une bonne journée. En une semaine il pouvait se faire 1800 dollars, en un mois 7200 dollars, bien plus qu'un travailleur moyen. Sans compter ses contrats, l’homme pouvait facilement venir à ses besoins, sans trop se fouler. Pourtant, il ne faisait presque rien de sa vie. Suivant un cursus en informatique, le garçon était bien conscient qui lui allait être difficile de gagner sa vie. Vivant dans la misère depuis toujours, il a souvent opté pour la solution de facilité, voler aux riches pour donner aux pauvres, c'est-à-dire lui. Il est conscient que le chemin qu'il avait emprunté n'était pas le bon et pourtant c'était dans celui-ci qu'il excellait. Son cursus informatique était là seulement pour l'aider à mettre en oeuvre des escroqueries sur la toile, une pratique loin d'être louable, mais efficace - quand on ne se faisait pas attraper -. Ce chemin qui l'a mené dans l'obscurité a pour lui, été façonné par le manque de présence de ses parents dans sa vie, les deux l'avaient abandonnés, le laissant à la merci d'un oncle qui n'en portait que le titre. Hélas, le vol n’était pas le seul problème dans sa vie. Depuis quelques années, le jeune homme s’était engagé. Sans connaissance de quand, ni de qui, il se voyait recevoir bien souvent une enveloppe ou un texto ; dans ceux-ci se trouvait une liste, une liste de personnes, avec des demandes bien précises… Les exécuter. Un travail peu recommandable pour les esprits faibles, car dans ce milieu la peur et la pitié ne devait pas exister. Il était tout simplement tueur à gage.
Comme chaque soir, il restait figé durant quelques instants devant sa glace, son regard posé sur son propre reflet, à la recherche de réponses à ses questions. Ce petit moment privilégié faisait partie de son rituel du soir. D'abord, il s'observait à travers le miroir, puis il se posait dans la baignoire, ouvrant le robinet, se laissant ainsi laver de ses péchés. Puis, il mangeait surgelé et alla se coucher luttant contre ses brûlures d'estomacs, ainsi que de son insomnie. Mais ce soir, une chose vint briser tout cela. La sonnette de la porte venait de retentir jusqu'aux creux de ses oreilles. Il ne bougea pas, son regard rivé sur ce miroir, il lui fallut l'insistance de celle-ci, avant de se décider à aller ouvrir. Par précaution, devenant maintenant une simple habitude, il observait à travers la porte, à l'aide du petit orifice présent pour cette occasion. Ce n'était que son ami Bob. Tout le monde avait un ami qui se nommait Bob. Le sien était plutôt collant, toujours avec une brillante idée à recommander à Harry, des idées qui finissaient toujours par mal tourner. C'était ça, Bob.
Harrison lui ouvrit, un léger soupir prenant par la suite la forme d'une inspiration pour recracher une courte phrase, qu'il s'entendait dire souvent. «
Que veux-tu encore Bob ? » Comme à chaque fois, Bob affichait un sourire niais très agaçant, un sourire qui signifiait qu'une seule chose. «
Je dois te parler. » Sans même se faire prier, il pénétra dans la demeure du jeune homme et alla s'installer sur le sofa. «
Je t'en prie entre... » Dit-il avec agacement. Il alla le rejoindre, se posant sur un fauteuil se trouvant auprès du canapé, sirotant alors le fond d'un verre de vodka qui se trouvait là depuis quelques jours déjà. «
J'ai un plan qui peut nous rapporter gros Harry. » Massant son front, Harrison lui répondit avec exaspération «
Un plan qui peut nous rapporter gros ? Comme la fois où j'ai perdu 2000 dollars aux dés parce que tu avais perdu les dés truqués, ou encore la fois où on a dû se travestir pour voler un riche héritier qui n'en était pas réellement un, ou cette fois où des mafieux nous on dépouillés de nos biens et nous on balancés nus en pleine route ? Franchement Bob, j'en ai marre de tes plans foireux. » Bob se mit à rire, comme si ce que venait de dire Harrison n'avait aucune réelle importance, ce genre d'anecdote qu'on raconte en soirée pour animer celle-ci autour d'une table. Il plongea alors sa main dans l'une de ses poches et y extirpa son portable, avant de le poser sur la table «
Ma source m'a indiqué qu'un nouveau casino venait d'ouvrir. » «
Ta source ? C'est ta mère Bob... » «
Hey, laisse ma mère tranquille, elle m'a toujours donnée de bonnes infos. Enfin bref, écoutes ça. D'après ma 'source', le casino se verra contenir dans son coffre un peu plus de 50 millions de dollars. » Harrison fronça légèrement les sourcils, et s'approcha un peu, le signe qu'il commençait à être intéressé. «
Il y a en tout 25 tables de jeux de cartes, dont 12 de Black Jack, ce qui nous laisse une marge avant de nous faire repérer à compter les cartes. » «
Et quand tu dis-nous, tu veux en réalité dire, moi. » «
Oui, voilà. Tu es le meilleur à ce jeu et j'ai confiance en tes capacités, on pourrait se faire beaucoup d'argent tu sais... » Soudain Harry s'éleva, son regard perdu dans le vide, il réfléchissait à l'offre de Bob. «
Comment se nomme le directeur du casino ? » «
James Parker. » «
Tu as bien dit James Parker ? » Au bout de quelques instants Harry fit un léger sourire. «
Je marche. On va dire 80 pour moi et 20 pour toi. » «
Non, 50/50. » «
Fais pas chier, je fais tout le boulot, pourquoi voudrais-tu 50/50 ? Je descends à 70/30, mais pas moins. » «
D'accord ! Et il faut surtout ne pas oublier maman... Je veux dire ma source. » «
Tu lui donneras sur ta part... Bon maintenant, casses toi de chez moi veux-tu. »
Bob se leva à son tour, fier que son ami ait accepté de marcher avec lui. Une simple poignée de main mit fin à la conversation et il s'en alla, un même sourire arborant son visage. Harry, lui, était adossé contre la porte. Son portable en main, il prenait connaissance du profil d’un homme qu’on lui avait recommandé de tuer un peu plus tôt : James Parker. il songea à l'argent qu'il allait pouvoir se faire et cela... L'emplit de jouissance.
▬ 12h08 - Casino ▬Le croupier battait à nouveau les cartes. Celui-ci était troublé. Depuis le début, la banque perdait et la personne assise devant lui, récoltait les fruits de ces nombreuses erreurs. L'homme était confiant, assez pour provoquer le croupier en lui tenant le regard, un léger sourire présent sur son visage. «
Tout au vainqueur, rien au donneur ! » S'écria le croupier avant de positionner de nouveaux jetons face à Harry. 120000 dollars, voilà les gains qu'il avait gagnés jusqu'à présent et il comptait continuer ainsi pendant un moment ; du moins jusqu'à ce qu'il se fasse repérer par la direction. Sa méthode n'était rien d'autre que le comptage de carte, de simples calculs se basant sur les probabilités ; rien de bien difficile en réalité. Le plus compliqué dans tout ça, était de se concentrer, éviter de perdre le compte et surtout ne pas jouer. C'était la règle pour faire un Black Jack et elle ne changera jamais.
Cela faisait déjà deux heures qu'Harrison se trouvait à cette table et depuis, ses gains avaient augmenté. Il se visualisait déjà refaire ça la semaine prochaine, puis la suivante et gagner sa vie ainsi. Il était serein, un peu trop même, tellement qu'il en oublia de surveiller les hommes de la sécurité du casino. Il fut ramené à la réalité quand une main se posa sur son épaule et agrippa celle-ci. Surpris, il détourna son regard vers l'homme qui l'avait empoigné. Grand, imposant, vêtu d'un costume, ce n'était rien d'autre que le chef de la sécurité ; qui d'autre. «
Je vous prie de venir avec moi. » Harry savait déjà ce qui allait lui arriver. Aucun casino n'aimait les compteurs de cartes, mais ce n'était pourtant pas illégal. Alors, il se devait de dissuader quiconque oserait compter au sein d'un casino, c'était comme ça. Harry était à présent dans un local, sombre, pour seule lumière, un spot qui était dirigé vers son visage. Aveuglé, il ne parvenait pas à voir le visage de ses interlocuteurs, il était comme dans un rêve, impuissant, à la merci de son subconscient -subconscient joué par les hommes dans ce cas ci-. Mais cet instant n'était pas irréel pour autant, la souffrance procurée par les phalanges de l'un des hommes, quand celles-ci rencontraient sa joue, était bien réelle. Les coups de poings se répétaient et la douleur s'amplifiait à chaque impact. La vision du jeune homme était trouble et il se sentait sortir de son corps, comme si une autre personne venait de prendre sa place. Il regardait la scène de plus haut. Il se trouvait si pathétique, il en arrivait même à être dégouté de sa personne. Comment en était-il arrivé là, telle était la question qui le tourmentait. Puis il se délaissa de sa place de spectateur et repris son rôle d'acteur. L'homme venait de lui empoigner les cheveux, l'obligeant à plonger son regard dans le sien. Harrison sous les menaces, s'efforça d'ouvrir ses paupières et fixa l'homme, les yeux dans les yeux.
Soudain, le jeune homme s’efforça de sourire, un sourire bien éclatant pour des dents recouvertes de sang. L’homme qui l’avait empoigné, ne comprit pas une telle réaction, mais ce sourire avait pourtant un sens. Harry profita alors, de la confusion de l’homme, pour se défaire de ses menottes et repousser celui-ci à l’aide de son pied. D’un coup, il se redressa, attrapant la chaise qui auparavant le maintenait, avant d’écraser celle-ci sur son opposant qui s’écroula. Le deuxième homme, surprit, dégaina une arme et pointa celle-ci sur le jeune homme. Harry l’avait reconnu, c’était James Parker, le directeur du casino ; c’était parfait. Sans réellement réfléchir, Harry se jeta sur lui, frappant son bras pour détourner l’arme de son axe, avant d’empoigner son poignet et de briser celui-ci. L’homme qui poussa un cri de souffrance, recula, apeuré. «
James Parker. » Dit-il, avant de ramasser l’arme qui se trouvait à présent à ses pieds. «
Oui ? Qu-Que me voulez-vous ? Vous voulez de l’argent ? Un job ? Je peux vous donner tout ça. » «
C’est toi le job. » S’entendit-il dire, avant d’appuyer sur la détente et de lui mettre une balle dans la tête. Le bruit du canon, n’étant sans doute pas passé inaperçu, il se devait de prendre la fuite. Il alla ramasser le sac contenant ses jetons, quand la porte s’ouvrit ; un garde se trouvant juste derrière. Alors, il frappa celui-ci, à l’aide du sac et prit la fuite.
Nous revoilà donc au moment présent, au moment de la fameuse course poursuite. Harry courait toujours. Durant sa course, il réfléchissait à un moyen pour se sortir de cette merde. Il ne pouvait retourner chez lui, cela amènerait ses opposants jusqu'au seuil de sa porte. Il pourrait très bien aller se cacher chez Bob, mais était conscient qu'il n'hésiterait pas une seconde à le dénoncer s'ils optaient pour la force ; Bob était lâche. Alors, la solution la plus judicieuse était, l'hôtel de police. Il ne lui fallut que très peu de temps pour y parvenir et y entra comme un simple citoyen sans problème. Il se dirigea alors dans un local et s'y enferma. Quelques minutes plus tard, il sortit. Il avait changé d'habit, il était à présent vêtu d'un costume de policier, une casquette surmontant son crâne, cachant une partie de son visage. Il prit alors marche vers la sortie et bouscula un homme, un des hommes qui lui couraient après et s'en excusa, avant de reprendre route. Il quitta alors l'hôtel de police, son sac à une main et un portefeuille dans l'autre, le portefeuille de l'homme qu'il venait tout juste de bousculer.
U.C
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