Yes, my Lord !
Cellia & Fragment

Spoiler:

« Frag ! Frag ! Prends-moi en photo ici aussi ! »

Et Fragment, photographe attitrée de ce voyage –comme de tous les autres, de par sa passion pour cet art incompris- souris, soulève l’appareil qui pends à son cou, et prends sa camarade de classe en photo. Puis, vient une autre demande, et encore une autre. Parfois, on lui propose de la prendre en photo, pour changer. Mais elle refuse poliment, souriante. Elle préfère être de ce côté de l’objectif.  C’est ainsi que les choses lui plaisent, c’est ainsi qu’elle est heureuse.

Et puis, l’Angleterre ! Ce pays qu’elle a toujours admiré peut enfin être la cible de son appareil préféré ! Cela ne sonne-t-il pas comme le doux commencement d’un rêve ? De plus, l’idée la fait rougir un peu, mais si elle se souvient bien, ce pays est aussi celui qui a vu naître l’ami d’Ayame…Nathan Snowslayer. Et elle est heureuse de pouvoir le visiter, rien que pour avoir un nouveau sujet de conversation à aborder avec lui. Après tout elle l’apprécie ce garçon…Peut-être même un peu plus, mais hors de question de l’accepter. Encore moins de l’avouer. Sans doute n’a-t-il pas osé lui dire, mais au vu de la proximité des deux personnages, elle pense qu’il ne peut être que le petit ami d’Ayame.

Ironiquement, c’est avec sa binôme plutôt qu’avec le garçon en question qu’elle aurait préféré en parler. Elle pensait ce voyage en Angleterre parfait pour aborder le sujet. Mais…Elle aurait du s’en douter, dans le fond. Ayame ne s’était jamais montrée. Pas étonnant, en fin de compte. C'est déjà à peine si elle vient en cours, son niveau d’anglais est abominable, et elle ne s’entend avec personne de toute la fac. Même Fragment, qui pourtant fait des efforts pour qu’elle s’intègre mieux, a beaucoup de mal à engager une conversation avec elle.

Comme si tout l’ennuyait…Pourtant, quelque chose doit ben la passionner, comme tout le monde. Et, ne perdant pas espoir, la jolie brunette se dit qu’elle finira bien par trouver. A force de persévérer, on arrive toujours au résultat escompté. Elle n’avait juste pas encore appris qu’avec Ayame, les choses ne fonctionnent pas comme elles fonctionnent avec n’importe qui d’autre.

Elle soupire et continue de prendre quelques photos ici et là. Elle cherche de nouveaux angles pour ses photos. De nouveaux points de vue et de nouvelles cibles. Elle ne s’aperçoit pas tout de suite qu’elle s’éloigne de son groupe.  Et leurs membres ne font pas davantage attention à la demoiselle qui s’éloigne. Jusqu’à ce que l’un d’eux ne réclame une photo. Alors, face à cette réponse qui ne vint pas, ils commencèrent tous à chercher la jeune fille du regard. Mais elle était déjà partie. Loin. Bien loin. Trop loin pour qu’ils ne puissent la retrouver.

Elle, de son coté, est dans un autre monde. Littéralement. Cela commence par l’émerveillement d’une architecture comme elle n’en a jamais vu. Clic. Une boutique atypique et tellement mignonne. Clic. L’horizon, orné de ces monuments si beaux qu’elle en perdrait ses mots. Clic. Celle calèche tirée par des chevaux. Clic.
Elle ne se rend pas compte tout de suite de combien la chose est atypique. Puis, voulant photographier une dame portant une robe ancienne aussi originale que belle, elle se fait bousculer et tombe au sol.

« Diantre ! Pardonnez-moi mademoiselle, je suis entièrement fautif ! »

Elle pose d’abord son regard sur la main gantée qui lui est tendu en se demandant qui parle encore de cette façon à cette époque. Et lorsqu’elle relève la tête elle ne sait comment réagir face à cet homme habillé à l’ancienne. Elle prend sa main et le remercie finalement. La moindre des politesses.

« Merci…Excusez-moi, il y a un carnaval ou autre dans le coin ? Votre costume est magnifique en tout cas ! Vous permettez que je vous prenne en photo ? »
« …Ai-je été responsable d’un coup porté à votre tête, mon enfant, pour que pareil incompréhensible langage s'échappe de vos lèvres ? »

Elle ne comprend pas tout de suite, et commence à se demander si elle n’a pas vraiment pris un coup sur la tête. Interrogation qui se renforce alors qu’elle regarde autour d’elle et se retrouve face à une Londres qu’elle ne connait pas. Encore moins que celle dans laquelle se trouvait encore quelques minutes auparavant. Une Londres qui date de plusieurs siècles en arrière.

« …Mais où suis-je ? » murmure-t-elle pour elle-même sans cependant être sûre de vouloir entendre la réponse.

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