Namimori, vingt deux heures quarante cinq. L’heure était avancée et la plupart des braves gens étaient déjà chez eux, à siroter leurs digestifs ou occuper à flirter déjà avec Morphée, tout simplement. C’était bien l’une des principales raisons qui avait poussées Nathan Snowslayers, Traqueur reconnu des Van Sidèris, cette tristement célèbre famille mafieuse nippone à errer dans les rues ce soir là. Des rumeurs circulaient a bon train concernant le cimetière de cette paisible petite ville qui autrefois, affichait un taux de criminalité tellement inférieur a la moyenne qu’elle en faisait pâlir d’envie n’importe qu’elle autre. Mais cette époque est désormais révolue. Avec la décadence du règne des Vongola, la cité s’était vite vue gangrenée par la mauvaise graine et autre espèces pas plus digne de confiance.

Pour résumer les faits, de nombreux citoyens, bien plus honnêtes que ne pourrait jamais l’être le britannique après avoir trempé dans des affaires de cette ampleur, c’était décidé à porter plainte pour vandalisme sur des pierres tombales et des édifices religieux présents dans le fameux cimetière d’où se propageaient les nombreux bruits de ruelles. Le problème découlait de cela, justement. Les forces de l’ordre s’étaient rapidement emparées de l’affaire afin de faire taire les caquètements incessants des médias de presses. Ces derniers avaient rapidement monté l’affaire en scandale sans nom ni précédent. Il était logique que des enquêteurs soient rapidement dépêchés sur place.

Le souci, c’était qu’en dessous de l’une des plaques funéraires qui avaient été peinturlurées et dégradées se trouvait la sortie d’un passage souterrain menant directement au Quartier Général Van Sidèris. Il fallait donc étouffer l’affaire au sens propre du terme. Et Nathan, qui n’avait rien à faire ce soir là – ou presque – sauta donc sur l’occasion afin de faire de cette sortie une bonne chose sur plusieurs points. Le premier pour protéger le secret de la famille japonaise, et le second pour apprendre son art de la Traque a sa jeune élève, Higurashi Nana.

Il y a quelques temps, lorsqu’il lui avait proposé de lui enseigné tout cela, Nathan avait plus agit sur le ton de la rigolade. Mais apparemment, la petite n’avait pas comprit cela de cette façon. Aussi avait-elle redemandé à plusieurs reprises à son maître de lui inculqué cette méthode de chasse. Si bien que l’anglais avait fini par céder malgré lui, ne sachant trop pourquoi il avait accepté de l’emmener dans cette galère ci. Après tout, c’était tout de même dangereux, surtout pour une adolescente. Il priait silencieusement un Dieu en lequel il avait du mal à croire que tout se passe bien en cette soirée de juin.

Perché sur le rebord d’un bâtiment plus haut que les autres, dissimulé néanmoins par l’ombre d’une statue, le Snowslayers laissait la brise frisquette du soir jouer avec sa chevelure châtain, silencieux, comme d’habitude. Sa respiration était parfaitement souple et maîtrisée du fait de son expérience dans le domaine. Il avait une vue parfaitement dégagée sur ses cibles. Une bande de voyous, cinq si son analyse était bonne. Leurs coiffures étranges et les vêtements qu’ils portaient tous permettaient aisément de les identifier comme des « rebelles ». Tsss, cette appellation faisait on ne peut plus rire l’étranger. Lui, être rebelle, il savait ce que c’était, et nul besoin de se vêtir de choses aussi ridicules pour être nommé ainsi.

Mais qu’importe, il secoua la tête, chassant dans le même temps de bien mauvais souvenirs qui remontaient amèrement et se reconcentra aussitôt. Sauf que. Il y avait toujours cette boule de culpabilité qui le gênait un peu en lui prenant la gorge. C’était désagréable et il savait parfaitement de quoi résultait cette fameuse chose. Il allait devoir en avoir le cœur net.

Affichant son ressenti actuel, soit une mine compatissante, il osa alors regarder la jeune personne qu'il accompagnait cette nuit et lui dit alors, comme pour essayer de la rassurer ;

" Tu es sure que tu veux venir ? Tu peux encore faire demi tour tu sais ? Je ne veux pas te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas faire, Nana… »

Il se passât une main sur la nuque, pas du tout convaincu lui-même par sa piètre performance. Il fallait dire qu’il se demandait ou était passé son lyrisme, d’un coup d’un seul. Non pas qu’il sache s’exprimer comme le feu Molière mais tout de même, d’habitude, il savait un peu mieux s’y prendre que ça. Était-ce le fait de ne pas être seul qui le perturbait a ce point ? Ou peut-être… Le fait de savoir qu’une vie était entre ses mains. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait pourtant, et cela rendait la situation encore plus étrange, pour lui surtout.

Il cherchât à changer immédiatement de sujet et effleura la possibilité d’une vie plus « normale » pour l’Higurashi. Après tout, pour lui, il était insensé qu’une demoiselle de son âge soit balancée comme ça dans un monde mafieux. Et dire que c’était de sa faute… Seigneur.

« Nana… Dis-moi… Ca ne te plairait pas d’aller a l’école et de te faire de vrais amis, comme toutes les filles de ton âge ?"

Il voulait vraiment agir avec une gentillesse sans fin.