Aaaaaaah, la chaleur, le soleil, les filles en maillot de bain malgré le mauvais temps. Que du bonheur. On aurait facilement pu se croire en période de grandes vacances scolaires, celles-là même qui rimaient avec été et glace à volonté !

Sauf que. Gabriel était là pour tout, sauf des vacances. Bien au contraire. Et plus il avançait dans les rues de cette ville mouvante et grouillante de vie, plus ça le déprimait. Comme tout adolescent de dix-sept ans, lorsque son esprit captait les mots : Filles et Maillots de bains léger dans une même phrase, il avait du mal à rester concentrer sur un objectif autre que celui de la drague. Sa mine sombre traduisait à merveille son désespoir. Non, il avait définitivement envie de tout sauf d’enquêter aujourd’hui. Pourtant, lorsqu’il avait été informé qu’une piste vers Moriarty, son Némésis personnel, avait été détecté en Espagne, il avait sauté dans le premier avion en partance d’Italie, pays où résidait le petit français depuis bien six mois maintenant.

Malgré tout, il avait beau avoir été trèèèès motivé, dès qu’il avait posé un pied hors de la carlingue volante, ladite motivation avait fondue comme neige au soleil. Situation très ironique puisque, comme dit plus haut, il avait beau faire une agréable température, l’astre ne semblait pas vouloir se montrer derrière l’épaisse couche de nuage cotonneux. Tant pis, il s’était dit qu’il ferait sans, mais les UV attaquaient tout de même ses yeux délicats. C’est pourquoi il avait enfilé une paire de lunettes de soleil sur le bout de son nez. Cet accessoire ne faisait que renforcer son envie de larver sur une pierre bien chaude histoire de se reposer quelques temps ; chose qu’il n’avait pas faite depuis un bout de temps, d’ailleurs.

Nota bene : en rentrant, prendre un petit week-end de détente, histoire de pas exploser sous peu à cause de tout le travail qu’il lui restait à accomplir.

Ainsi avait-il commencé son investigation dans les endroits mal famés de la cité.

Mais force fut de constaté que ce petit manège ne dura guère plus d’une heure. Gabriel voulait farniente un peu et surtout… oui, surtout, i avait envie de rencontrer des filles. Pas pour avoir quelque chose de sérieux ou même volage, non, loin de là ! Il voulait juste draguer pour le plaisir et rien de plus. Histoire de ne pas passer les quelques heures qu’il lui restait à passer ici – il repartait le soir même – seul et désœuvré. Tant pis pour son enquête, son indicateur s’était sans doute planté. Qu’importe, au moins il aura voyagé, ce n’était pas entièrement perdu non plus !

Repérant un marchand de rose au loin, il parti à sa rencontre et lui en acheta une. Bon, il allait tenter de séduire façon espagnole, même s’il n’y connaissait pas grand-chose, au final. Mieux vaut tard que jamais pour apprendre, n’est-ce pas ? Maintenant qu’il avait la plante, il fallait trouver une cible pour la parade à venir. Et ce fut plus facile qu’escompté. Gabriel aimant tout particulièrement l’originalité, il arrêta bien vite son choix sur une ravissante demoiselle à la chevelure blanche comme les ailes d’une colombe.

Confiant, il sautilla donc en sa direction, s’assura qu’elle le voit et la gratifia de son plus beau sourire avant de prendre la parole maladroitement en espagnol :

« Segnorita, tu es magnifique ! Serais-tu une fille de la lune par hasard ? »

C’était bien la seule chose qu’il avait retenu de ses cours d’espagnol peu de temps en arrière. Une chanson de cette contrée « Hijo de la Luna », soit enfant de la lune. Il ne savait pas à quel point il venait de tomber juste. Sans doute était-ce mieux ainsi.