C'est la belle nuit de Noël, la neige étends son manteau blanc...

Dans la vie, il arrivait parfois que l’on doive faire des choses insensées, voir incongrues pour ne pas dire … Complétement débiles. Et c’était précisément ce qui arrivait actuellement au Conseiller de la Brume des Leone, pour ne pas changer. Une fois n’est pas coutumes, il avait encore été embarqué dans une histoire infernale dont li même ne comprenait pas bien l’entièreté. Enfin bon, en même temps, le jour ou Karlsen comprendra bien quelque chose du premier coup n’est pas encore arrivée. Non, ce n’est pas une méchanceté, juste une constatation claire et précise au sujet de ce boulet antisocial d’apparence.

Mais revenons plutôt à ce qui nous intéresse, là, tout de suite.

Actuellement, il se trouvait sur les froides Terres de la Suède, très au Nord de l’Europe. Endroit ou par endroit, il fait nuit six mois de l’année, il est inutile, sans doute, de préciser que la température extérieure n’avait rien à voir avec les belles plages de sables fins et blancs que l’on trouve dans les Mers du Sud. Et Dieu sait que sur le moment, ces saloperies pleines de coquillages auraient fait envie à n’importe qui. Oui, même Karlsen. Vous en doutiez ? Il ne fallait pas.

Mais le plus affreux dans cette histoire n’était pas le lieu où était rendu le pauvre allemand, non non non. Que nenni ! En réalité, c’était son accoutrement qu’il était bon d’examiner minutieusement pour être certain de ne pas avoir fumé des camions de champignons hallucinogènes sans même s’en être rendu compte. Monsieur était enroulé – si si, vu comment il avait enfilé ça, c’était le mot juste – dans un grand pan de tissu rouge, surmonté de temps à autre par quelques boulettes blanches et d’apparence cotonneuse. Un père Noël. Tout a fait, il avait sur le dos un costume de Père Noël. Enfin, à un détail prêt, son masque à gaz, qu’il avait du dissimuler grossièrement sous une barbe trop grosse, aidé par des bandages multicolores pour ce qui dépassait encore une fois la manipulation faite.

Le fait est qu’il avait perdu une partie de Chi-Fou-Mi contre Dylan Lightninger, le Conseiller du Soleil des Leone. De facto, il s’était donc retrouvé à incarner le Père Noël et l’autre blondasse …. Un de ses lutins. Mais bon, toutes proportions gardées, Karlsen pouvait s’estimer heureux, au moins lui, on ne le prendrait pas pour un égaré de Gay Pride avant un bout de temps. Enfin, il l’espérait très très fort en tous les cas.

Mais alors, pourquoi se trouvait-il ici ? Simple. Mitsuki et Sherley devait faire une tournée Européenne pour distribuer dans des orphelinats de divers pays, des cadeaux pour les enfants dans les dates approchant Noël. Problème, elles avaient été en France. Nous connaissons tous la qualité des grévistes de ce fichu pays et pour l’instant, les deux Ciels étaient bloqués là-bas pour un temps indéfini encore. C’est pourquoi Dylan et Karlsen avait dû honorer cette tradition à leurs places. Et bizarrement, maintenant, l’envie de se pendre flirtait dangereusement dans l’esprit du germanique.

Il jeta un regard en coin au petit elfe près de lui. Ah, si seulement il avait pu se marrer à plein poumon…

En théorie, tout aurait du bien se passer. Karlsen avait tout prévu, via mail avec la directrice de l’établissement, pour que les enfants aient droit à leur fête de fin d’année de la meilleure façon qui soit. Dylan était présent à ses côtés, aussi il n’affrontait pas cette épreuve tout seul – quand bien même une présence féminine aurait su le détendre encore bien plus. Il prenait également beaucoup sur lui, lorsqu’on savait de quoi il retournait lorsqu’il se trouvait au milieu d’une foule dense et encerclé de hurlements, même joyeux. Quelque part en lui, il n’était pas totalement guérit de son passif dilué ; mais il voulait bien faire malgré tout. Reboucher un gouffre immense, sans fond, c’était ce qu’il voulait. Oui, aucun doute à ce propos. Donc oui, en théorie, tout aurait du bien se passer.
Sauf que, la pratique échappe bien souvent à la théorie, ceci n’est pas un point nouveau, loin s’en fut. Et le manque de bol de l’allemand – sans doute renforcé par l’autre présence masculine présente près de lui- frappa de nouveau alors qu’on avait rien demandé. Les enfants venaient de sortir de la maisonnée ou ils résidaient tout au long de l’année sous ces températures polaires. Agités comme des petits ressorts, ils avaient fait de grands sourires à l’étranger qui, s’il fut mal à l’aise au commencement- se sentit bien ite à l’aise et en confiance avec ces petits êtres angéliques, ces cadeaux de Dieu. Oui, même s’il ne le montrait pas, le géant aimait beaucoup les enfants. Il n’aurait pas toléré qu’on leur asse le moindre mal.
Son sac rempli de cadeaux sur ses épaules, il allait inciter les gosses à retourner se mettre au chaud pour mieux les suivre et empêcher une quelconque catastrophe lorsqu’un choc sourd se fit sentir entre ses omoplates. La vache, ça faisait super mal ! Il en tomba à la renverse de surprise, retenant tout son poids au dernier moment sur ses bras s’enfonçant dans la neige poudreuse pour ne pas blesser l’un des mioches qui s’était retrouvés mêlés à la perte de contrôle de la situation, bien involontairement. Bon, au moins ils avaient eu leurs quota d’émotions fortes, c’était toujours ça de prit. M’enfin, il aurait mieux valu que ça se passe autrement.

« Ahahah, tous ces cadeaux sont pour moi ! »

Une voix, que Karlsen ne parvint pas à identifier comme étant celle d’un homme ou d’une femme, s’éleva dans les airs, aussi vite qu’elle y disparu, pour mieux laisser place au silence rythmé par le vents frappant les pins enneigés des alentours. Tout en se redressant, le Dratvitz ramena les petits en sécurité, entre les quatre murs de la maison. Il ne remarqua pas tout de suite qu’il lui manquait quelque chose d’essentiel pour sa distribution de cadeaux. Oui, voilà, les paquets, justement. Il le remarqua quand il vit les gosses commencer à pleurer à chaudes larmes. Ne comprenant ni ne parlant pas le suédois, il du essayé de communiquer maladroitement avec la maitresse de maison, qui, dans un italien parfait, lui indiqua le fond du problème.

Ah, oui, tiens, il n’avait plus du tout de poids sur les épaules. C’en était dérangeant, maintenant qu’il s’en rendait compte. Toutefois, il trouvait ceci réellement injuste. Un voleur de bas étage s’amusait à semer le chaos parmi la jeunesse dans le besoin. Le sang du germanique commençait à bouillir et ce, pour la première fois depuis longtemps. Il se sentait même… étrange. Mais, ce n’était pas désagréable pour autant.

Se tournant vers Dylan, son acolyte, il fit ce dont il ne se serait jamais sentit capable il y a quelques instant à peine si les larmes des gamins n’avaient pas été là pour le motiver un peu à ravaler ses craintes mal placées.

« Nous…. Devons… retrouver…. Les cadeaux… »

Le tout superbement hachurés par le masque à oxygène qu’il portait encore sous sa barbe artificielle. Eh ben, elle était belle, la bande de héro aux bras cassés. Ca promettait pour la suite des évènements en tout cas. Ou pas. Vu comment les choses étaient engagées, ils auraient plus vite fait de se perdre tout seuls dans les bois avoisinants plutôt que de tenter l’impossible. Mais, et c’était difficile à expliquer, Karlsen ne voulait pas repartir avant d’avoir accompli sa mission jusqu’au bout.